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Isère : la France va recommencer à produire du paracétamol à Roussillon, dès 2023

Isère : la France va recommencer à produire du paracétamol à Roussillon, dès 2023

07/07/2021

LE DAUPHINÉ LIBÉRÉ 01.07.2021

 Georges AUBRY

 

 

Isère : ce que l’on sait du retour de la production de paracétamol à Roussillon

 

Le projet était dans les tuyaux depuis plusieurs mois. Depuis mardi soir, c’est officiel, le groupe Seqens, implanté sur la plateforme chimique de Roussillon, ouvrira d’ici deux ans la seule unité de paracétamol d’Europe.

 

 

Au mois d’avril dernier, Willy Lemesle, directeur du site Seqens/Novapex à Roussillon, avait reçu le préfet à la Relance, Samy Sisaid (à droite). Photo Le DL /Georges AUBRY

 

 

« Le groupe Seqens est fier de pouvoir investir dans des technologies de rupture pour relocaliser sur la plateforme chimique de Roussillon la production d’une molécule emblématique comme le paracétamol, tout en garantissant un haut niveau de 
performance, notamment environnementale et une production compétitive et durable »

 

C’est par ces mots que Pierre Luzeau, le président de Seqens, déjà implanté sur le site  chimique isérois, a annoncé le projet de construction d’une nouvelle unité de  paracétamol, qui sera fonctionnelle en 2023. Cette annonce était attendue localement  depuis plusieurs mois et le gouvernement ne faisait pas mystère de soutenir ce projet dans  le cadre de son plan de relance (lire par ailleurs). Au mois de juin 2020, déjà, en pleine  crise sanitaire, lors d’un déplacement à Marcy l’Etoile, dans le Rhône, Emmanuel Macron  avait évoqué la nécessité d’un projet de relocalisation d’un principe actif essentiel en  France et en Europe, qui serait doublé d’un enjeu technologique, industriel et commercial.

 

Certes, Seqens n’avait pas été cité, mais en raison du haut degré de technicité du groupe, de ses spécificités (le groupe possède déjà deux usines de production de paracétamol en Chine) et de son implantation à Roussillon, on pouvait aisément penser que le site chimique possédait des atouts non négligeables. Il ne faut pas oublier non plus, qu’historiquement, la plateforme avait déjà accueilli une unité de production de paracétamol -la seule en Europe- qui avait fermé il y a 12 ans (lire aussi par ailleurs). Autant dire qu’il existait aussi sur le site un savoir-faire dans ce domaine du côté des salariés de l’industrie chimique.

 

Un environnement idéal

 

 

En tout cas, dès l’annonce du président de la République, le groupe avait mis ses équipes de recherche et de développement sur le coup pour concevoir une installation compétitive et pouvant répondre également à la forte demande de paracétamol en France, afin de pallier toute pénurie de ce principe actif. Une année plus tard, le résultat est donc là. « « Nous avons mobilisé plusieurs dizaines de chercheurs pour développer de nouveaux procédés de synthèse en continu ; cela a permis la construction de cette future unité », observe-t-on du côté de Seqens. Le groupe a aussi pris en compte l’aspect environnemental, essentiel sur la plateforme chimique la plus vaste de France, qui sera aussi en 2023, la première plateforme totalement décarbonée en Europe, là encore grâce au plan de relance.

Sur le site de Roussillon, la nouvelle unité de production pourra en tout cas bénéficier de la proximité des activités pharmaceutiques du groupe, qui produit notamment du phénol, produit qui entre notamment dans la composition de l’aspirine (lire encore par ailleurs). Seqens a également installé sur la plateforme son nouveau laboratoire GMP (pour Good manufacturing practices) et pourra aussi compter, ce qui n’est pas négligeable en termes de coût, sur la production d’énergie bas carbone réalisée par le groupement économique Osiris que gère le site.

 

 

Au moins une trentaine d’emplois pérennes

 

Bien sûr, quand il est question d’industrialisation et dans le cas de Seqens de relocalisation d’une production, l’une des interrogations porte sur l’emploi. La question se pose encore davantage sur la plateforme chimique de Roussillon, où l’usine Cerdia, appartenant au fonds d’investissements américain Blackstone -l’un des plus importants au monde et dont les fondateurs sont des anciens de la banque Lehman Brothers- a fermé brutalement ses portes l’année dernière, entraînant d’ailleurs une période d’incertitude pour le site.

 

 

100 emplois directs pour le chantier

 

En tout cas, la fermeture d’un premier atelier, celui d’acétate de cellulose, avait entraîné la perte de 123 emplois. Le second atelier, produisant de l’acide nitrique et du raney, notamment pour BASF, avait fermé ses portes au mois d’avril 2021, entraînant cette fois la suppression d’une trentaine de postes. Autant dire que l’espoir d’un retour du paracétamol sur la plateforme chimique était dans toutes les têtes et que les salariés sur le carreau, notamment, se raccrochaient à cette idée qui devenait au fil des mois de plus en plus concrète. La bonne nouvelle, ainsi, est bien que le projet d’installation d’une nouvelle unité par Seqens va créer des emplois : une centaine d’emplois directs sur la période de construction de la nouvelle usine, sans compter les emplois indirects générés par ce type d’activité, une centaine également, selon le groupe. L’unité permettra de créer ensuite une trentaine d’emplois pérennes sur le site, un nombre qui pourra augmenter dans les années suivantes.

 

 

D’autres investissements sur la plateforme

 

Il ne faut pas omettre que Seqens réalise actuellement d’autres investissements sur la plateforme avec la construction d’une nouvelle unité de production d’alcool isopropylique pour 9 millions d’euros, qui verra le jour l’année prochaine. Pour le groupe, qui avait déjà fortement investi ces cinq dernières années sur son unité d’éther disopropylique, solvant utilisé dans la dernière étape de la fabrication des principes actifs, les investissements se font dans la durée. Au final, c’est aussi toute la plateforme chimique qui est gagnante

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